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Section 6: Les mérites et les risques de l’autofinancement

La création et l’exploitation d’une entreprise nécessitent de l’argent. Le lancement d’une entreprise de type « brique et mortier » peut facilement exiger l’investissement de dizaines de milliers de dollars et même davantage dans le cas d’une entreprise devant utiliser beaucoup d’équipement.

C’est pourquoi l’une des décisions les plus déterminantes à prendre pour une femme entrepreneure a trait au mode de financement de son entreprise. Doit-elle s’autofinancer ou chercher à obtenir un financement externe (emprunter ou mobiliser des fonds)? L’autofinancement comporte des avantages et des inconvénients dont il importe de tenir compte.

L’autofinancement désigne une démarche par laquelle une entrepreneure utilise ses ressources personnelles telles que ses propres épargnes, comptes de retraite et cartes de crédit, ainsi que les revenus d’exploitation, pour créer et exploiter son entreprise.

Le sondage S’autofinancer ou emprunter? d’OEFC a révélé que les femmes entrepreneures utilisaient l’autofinancement le plus souvent pour lancer leur entreprise ou alimenter une croissance soutenue.

L’autofinancement présente quelques avantages qui en font un choix tout désigné :

  • Il procure à l’entrepreneure plus de contrôle que les autres options de financement. Elle peut décider de son mode de gestion de son entreprise sans influence extérieure, tout comme des modalités et du rythme des injections ou des retraits de fonds. Cette solution est souvent jugée plus attrayante que celle de devoir se plier aux critères de fonctionnement de l’entreprise et de remboursement requis pour obtenir le financement externe.
  • Elle conserve la pleine propriété de l’entreprise, ce qui lui permet ainsi de conserver 100 % des profits.
  • Si elle tient à avoir une idée claire de la situation, elle peut savoir exactement de combien d’argent elle dispose pour exploiter son entreprise.

Bon nombre de ces avantages ont été évoqués dans les réponses au sondage.

Cependant, le choix personnel de recourir à l’autofinancement est assorti de risques particuliers dont les femmes entrepreneures doivent prendre conscience :

  • En utilisant ses épargnes, elle risque de perturber son équilibre financier et sa vie personnelle. Avant de puiser dans leurs comptes d’épargne et/ou de retraite, les entrepreneures doivent bien mesurer les conséquences possibles à long terme sur leur mode de vie actuel et futur. Le financement d’une retraite de 25 à 30 ans repose nécessairement sur des cotisations régulières et substantielles. De plus, le risque de devoir faire face à une urgence financière imprévue à la maison ou dans son entreprise pouvant nécessiter des dizaines de milliers de dollars est bien réel. L’autofinancement peut exposer l’entrepreneure et sa famille à une situation financière éprouvante.
  • L’autofinancement peut exercer des pressions supplémentaires sur le fonctionnement de l’entreprise. Par exemple, l’entrepreneure peut être contrainte de recourir plus intensément à des rotations rapides d’inventaires et de comptes clients pour préserver le bon fonctionnement de son entreprise si elle ne dispose d’aucune autre option de financement comme des prêts ou des marges de crédit.
  • L’expansion de l’entreprise sera conditionnée par les recettes nettes produites. L’autofinancement se traduit souvent par une lente progression des bénéfices non répartis et risque de ne pas apporter un investissement suffisant au moment voulu pour assurer une croissance raisonnable ou saisir les occasions qui se présentent.
  • Les cartes de crédit sont souvent une source de financement d’une entreprise. Elles sont plus faciles à obtenir qu’un financement de plus grande envergure, mais leurs taux d’intérêts élevés peuvent peser très lourd dans les dépenses à long terme de l’entreprise. Une mauvaise gestion des cartes de crédit peut donner lieu à de mauvaises cotes de crédit et compliquer ensuite l’obtention de financement.

L’un des atouts du financement externe réside dans les possibilités de soutien stratégique et de réseautage découlant d’associations avec des institutions financières ou des investisseurs. Celles qui s’autofinancent ne peuvent profiter de ces mêmes avantages.

Le choix de l’option de financement qui convient le mieux est une décision personnelle qui doit s’avérer cohérente aux yeux de la femme entrepreneure tant pour son entreprise que dans sa vie personnelle. Au bout du compte, il importe avant tout qu’elle se sente à l’aise quant à sa capacité de s’acquitter de ses obligations personnelles et professionnelles.

Voici une série de questions formulées à l’intention des femmes entrepreneures pour les aider à choisir les options pouvant le mieux répondre à leurs besoins :

  1. Quels sont votre vision et votre objectif ultime en ce qui concerne votre entreprise? Souhaitez-vous exploiter une petite entreprise de style de vie pouvant facilement s’autofinancer ou une entreprise de grande envergure à forte croissance qui nécessitera probablement un financement externe? Vos aspirations sont-elles freinées par vos propres impératifs de financement?
  2. Dans quelle mesure pourriez-vous absorber l’impact d’une urgence inattendue ou d’une hausse soudaine de vos dépenses personnelles ou de celles de votre entreprise? Combien d’argent avez-vous accumulé dans votre fonds d’urgence? Pouvez-vous vous dispenser de puiser dans des fonds prévus pour la retraite, particulièrement ceux assortis d’avantages fiscaux et d’avantages à long terme?
  3. Avez-vous un budget personnel et un budget d’entreprise distincts? Si c’est le cas, dans quelle mesure les suivez-vous assidument? Quel est votre taux d’endettement et dans quelle mesure l’autofinancement risque-t-il de vous plonger dans une situation défavorable?
  4. Votre réticence à envisager le financement externe découle-t-il d’une aversion pour l’endettement, de votre fierté face à votre autonomie, ou de votre refus d’une perte de contrôle? Si c’est le cas, cela nuit-il à la réalisation de vos objectifs commerciaux? Refer to mental models article
  5. Est-il possible que votre optimisme soit trop grand quant aux profits de votre entreprise et qu’il explique votre intérêt en faveur de l’autofinancement? Se reporter à l’article xx sur les entraves utiles. Refer to xx article on good sludge.
  6. Le financement externe vous apporterait-il des formes de soutien supplémentaires que vous n’obtiendriez pas autrement, comme des conseillers, des mentors et des réseaux?

Si l’autofinancement est votre seule option actuellement en raison de l’absence d’autres solutions de financement externe viables, êtes-vous en mesure de repositionner l’entreprise pour envisager de contracter une dette ou d’obtenir des fonds à une date ultérieure?