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Des programmes de fournisseurs diversifiés souhaitent l’accréditation d’entrepreneures comme vous

Par Sherlyn Assam, contribution spéciale, OEFC

Le gouvernement fédéral a passé les six dernières années à mettre en œuvre des programmes pilotes en vue d’améliorer l’accès aux marchés publics pour les groupes sous-représentés, mais des organismes à but non lucratif s’efforcent depuis des décennies à faire participer les minorités aux appels d’offres.

Cette année, le Canadian Aboriginal and Minority Supplier Council (CAMSC) fête ses 20 ans de mise en relation d’entreprises appartenant à des intérêts autochtones et minoritaires avec les grandes entreprises et les ministères qui souhaitent diversifier leurs chaînes d’approvisionnement.

Mais les chaînes d’approvisionnement diversifiées ne se limitent pas aux groupes racialisés; toute chaîne d’approvisionnement inclusive doit aussi tenir compte du genre. Selon l’Open Contracting Partnership, seulement 10 % des PME fournisseurs du gouvernement canadien sont détenus par des femmes. Seuls 14 % des soumissions reçues par le Canada émanent d’entreprises détenues par des femmes et 7 %, d’entreprises autochtones.

« Il ne s’agit pas seulement des femmes. Il s’agit des femmes et des femmes de couleur, déclare Cassandra Dorrington, présidente-directrice générale du CAMSC. Soyons clairs : les femmes autochtones et les femmes de couleur entrent dans la même catégorie, car elles ne sont souvent pas invitées.

Toutefois, quand les entreprises et les gouvernements sont à la recherche de fournisseurs diversifiés, les accréditations commerciales peuvent mettre les entreprises sous-représentées sur leur radar. L’accréditation accroît la visibilité et garantit que les entreprises sont détenues et gérées par les communautés sous-représentées qui ont besoin d’un soutien sans réserve.

Selon Mme Dorrington, quand le CAMSC a vu le jour, il y a 20 ans, les gens ne savaient pas ce que signifiait l’accréditation commerciale. Au fil du temps, comme de plus en plus d’entreprises et de gouvernements accordent la priorité à l’embauche d’entrepreneurs aux antécédents diversifiés, il est devenu plus facile de faire connaître les avantages de l’accréditation.

Au nombre des ressources du CAMSC figure son répertoire d’entreprises membres et d’entreprises accréditées appartenant à des Autochtones et à des minorités visibles. Ce répertoire offre aux fournisseurs la possibilité de cibler de futurs clients et d’autres entreprises avec lesquelles collaborer. Selon Mme Dorrington, le CAMSC compte 165 entreprises et gouvernements membres auxquels les fournisseurs peuvent désormais accéder et avec lesquels ils peuvent nouer des relations.

Comme il l’a annoncé lors de son activité de lancement de l’année 2024 en janvier, le CAMSC organise des missions commerciales auprès de fournisseurs canadiens désireux de croître leurs activités. Les missions emmèneront des entrepreneurs aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Australie et en Nouvelle-Zélande. Le programme de croissance des fournisseurs du CAMSC offrira aussi des commanditaires aux entreprises qui n’ont pas encore obtenu leur accréditation.

Mme Dorrington soutient aussi que le programme du CAMSC à l’intention des réfugiés va bon train. Le programme s’est associé au Groupe Banque TD et au Tent Partnership for Refugees pour procusus de la communauté des réfugiés afin qu’ils augmentent la taille de leur entreprise. Selon elle, le travail du CAMSC repose sur la notion suivante : « Comment bâtir l’économie canadienne pour qu’elle soit forte, pour que tous y aient leur place? »

Le CAMSC plaide depuis longtemps en faveur de politiques d’approvisionnement social de la part du gouvernement. « Le gouvernement est l’organe d’approvisionnement le plus important au Canada. Si nous parvenons à obtenir son appui, la porte s’ouvrira, explique Mme Dorrington. Le gouvernement achète tout au pays. S’il va de l’avant et sensibilise ses cadres supérieurs, le niveau de possibilités auxquelles ont accès les femmes et les autres groupes sous-représentés augmenterait ».

Services publics et Approvisionnement Canada (SPAC) gère des marchés de biens et de services d’une valeur de 15 milliards de dollars. Public Services and Procurement Canada (PSPC) manages $15 billion worth of goods’ and services’ procurement contracts. SPAC s’efforce d’accroître le nombre d’entreprises appartenant à des groupes sous-représentés par le biais de son Plan d’action pour la diversité des fournisseurs. À l’heure actuelle, le gouvernement accepte les offres des entreprises qui déclarent appartenir à une communauté sous-représentée.

Des organisations comme la Chambre de commerce des gais et lesbiennes du Canada (CGLCC) tentent de changer cette situation. Pru Girmes, gestionnaire du programme pour la diversité des fournisseurs de la CGLCC, estime que l’autoaccréditation ne suffit pas.

C’est pourquoi la CGLCC a co-créé la Supplier Diversity Alliance Canada (SDAC) afin de renseigner les gouvernements, les entreprises et les intervenants sur les politiques et les pratiques d’approvisionnement inclusives. Le travail de la CGLCC et de la SDAC contribue à l’élaboration de meilleures pratiques en matière d’identification précise et d’accréditation.

« Il est important que des entreprises comme la CGLCC et d’autres chambres, d’autres institutions ou d’autres organismes, mettent en commun leurs ressources pour que nous n’ayons pas à aller à gauche et à droite à la recherche de possibilités », explique Mme Girmes.

Le Women Business Enterprises Canada Council (WBE Canada) a une mission semblable. Silvia Pencak, présidente-directrice générale de WBE Canada, affirme que l’accès des femmes et les préjugés à leur égard comptent parmi les plus grands enjeux auxquels les entrepreneures sont confrontées lorsqu’elles veulent obtenir de gros contrats.

Mme Pencak affirme que son organisation entend toujours parler de femmes qui embauchent des PDG de sexe masculin pour les représenter dans des réunions parce que les femmes y sont immédiatement ignorées. Qui plus est, il leur est difficile d’évoluer au sein des chaînes d’approvisionnement des entreprises et des gouvernements lorsqu’elles y sont admises, et c’est pourquoi WBE Canada donne la priorité à l’éducation, afin que les femmes entrepreneures puissent comprendre les critères des acheteurs. Son objectif est de former les femmes au sujet des exigences et de l’évaluation des risques, de la conclusion de partenariats stratégiques, de la mise à profit des mesures ESG et de l’accréditation de leurs entreprises, afin qu’elles puissent se présenter aux réunions avec plus d’assurance lorsqu’elles auront accès aux grandes entreprises et aux gouvernements.

« De grandes entreprises et des gouvernements ont compris que s’ils achètent auprès de femmes ou de membres de la communauté LGBTQ, ces personnes investiront en retour dans leur communauté. Ce qu’ils font contribue en fait à investir dans un écosystème et à créer davantage d’entreprises », explique Mme Pencak.

Pour les femmes qui ne sont pas prêtes à soumissionner aux offres de grande taille, à procéder à la mise à l’échelle de leurs activités ou même à obtenir l’accréditation, le programme Pathfinder de WBE Canada leur offre une adhésion qui leur permet d’accéder aux ressources et aux experts qui les aideront à faire croître leur entreprise à leur propre rythme.

Mme Pencak a quatre conseils à donner aux femmes qui souhaitent diriger leur entreprise de sous-traitance vers les plus gros clients.

Investir en vous

« Investir réellement dans l’espace, dans l’écosystème, dans les ressources existantes, dans la manière d’aborder les grandes entreprises. Votre vision du monde en sera transformée. Votre entreprise en sera tout simplement transformée pour les années à venir ».

Donner la priorité à la croissance

Selon Mme Pencak, les femmes sont parfois tellement concentrées sur la perfection qu’elles en oublient de se concentrer sur leurs objectifs. . Selon elle, les entrepreneures devraient se poser la question suivante : « Quels sont mes jalons? Comment vais-je diriger mon entreprise l’année prochaine? Dans les cinq prochaines années? Dans les dix prochaines années? Quel est mon plan d’expansion? »

Bâtir des réseaux d’entreprises

« Rien n’ouvrira les portes à une femme autant que les réseaux d’affaires, affirme Mme Pencak. Si les gens découvrent que vous existez, ils achèteront. Ils vont faire de la promotion. Ils vont vous recommander. C’est ainsi que l’on fait des affaires ».

C’est pourquoi les réseaux intégrés qui réunissent les divers programmes de fournisseurs sont si bénéfiques pour les entrepreneurs, au-delà de l’accréditation et des soumissions retenues.

Faire preuve de patience

« Le succès, c’est en fait le progrès diligent et intentionnel vers l’avant, conclut Mme Pencak. Il ne se bâtit pas facilement. Il faut des efforts, de la persévérance et de la patience ».